Category Archives: AKTYALITE

CZA ofisyèl : yon rapè ki chaje ak vayb pote pou nou AIRBNB

Nou tout konnen nan HMI la chaje ak bèl Talan ke anpil moun pa t konnen ke Fantom mete limyè sou yo. Pami yo nou Jwenn Alain Valdonis anpil moun konnen sou non CZA ofisyèl ki se yon rapè epi Fotograf ki soti  Delma. Li te kòmanse karyè mizikal li nan lane 2017 avèk yon mizik ki te rele Manzè Touye M. Apre yon ti poz pou aprann plis sou mizik, li te retounen an 2024 avèk yon kolaborasyon sou album Tololo Fantom nan, sou yon mizik  ki rele apa li papa.

Anpil moun ta pral fè Konesans ak CZA lè Li te fè pati on gwoup mizikal Delma 83. Pou sa ki konsène etid, Li etidye fotografi ak jesyon depo, li abitye travay nan Sinema avèk anpil Gwo reyalizatè Ayisyen. CZA se yon Atis ki chaje ak Talan. Li pa sèlman yon Rapè men li se tou yon Reyalizatè, fotograf epi konpozitè.

Rankont li ak Fantom

Li te rankontre ak Fantom pandan li t ap travay kòm teknisyen sinematografi nan Clearshot Entertainment avèk Direktè Robinson Lauvince. Sa te pèmèt li devlope yon relasyon pwofesyonèl ak Fantom, papa l tou te zanmi ak Onorab la. lè  l vin konn sa, sa te vin yon lòt konsiderasyon pou li, ki fè Jodi a li se youn nan Atis ki fè Pati de Team Tapajè.

kote enpispirasyon AIRBNB a soti 

Mizik se yon zouti ki bay CZA anpil koneksyon enpòtan nan lavi li.
Enspirasyon Dènye mizik li an AIRBNB vini apre plizyè fwa li te pase tan nan yon Airbnb ak kèlke zanmi l. mizik Sila fè nou dekouvri tout bon ke CZA se yon Talan konfime, yon atis ki alèz sou tout estil enstrimantal.
moun ki pwodui mizik sa se MorganBeatzzz epi Vibe sa Drol  pote yon touch espesyal nan pwojè a.
CZA se youn nan Atis ki trè pwomèt e ki gen pou fè Gwo bagay nan HMI la paske l s on foul Talan.

CZA ap travay sou yon nouvo demo, e li espere ke piblik la ap renmen li. Li kontinye ap pouswiv rèv li nan mizik, avèk yon vizyon klè pou avni li.

Violations de la cybersécurité en Haïti : quand l’intimité devient une arme contre les femmes

Dans une société de plus en plus connectée, le respect de la vie privée et de l’intimité en ligne devient un droit fondamental. Pourtant, en Haïti, la publication non consentie de photos ou de vidéos intimes est en train de devenir une pratique alarmante. Cette atteinte grave à la vie privée, qui touche principalement les femmes – artistes, journalistes, influenceuses ou simples citoyennes – est non seulement une violence morale, mais également une violation flagrante des droits humains et du droit à la cybersécurité.

Une cyberviolence en pleine expansion

Ces dernières années, les cas de vidéos ou d’images intimes partagées sans autorisation se sont multipliés. Bien souvent, ces contenus sont diffusés dans l’intention de nuire, d’humilier ou de faire du chantage. Ce qu’on appelle communément la “revenge porn” ou “pornodivulgation” touche surtout les jeunes femmes, victimes de la trahison d’un partenaire ou de la manipulation de personnes malintentionnées.

En Haïti, le phénomène prend de l’ampleur, porté par l’absence de lois strictes sur la cybersécurité, par la faible régulation des contenus en ligne et par l’indifférence de certaines plateformes numériques qui laissent circuler ces vidéos à des fins de clics ou de buzz.

Le droit à la cybersécurité : une protection essentielle

Le droit à la cybersécurité est le droit de chaque individu à une protection contre les attaques numériques, y compris le respect de ses données personnelles et de sa vie privée. En publiant une vidéo intime sans le consentement de la personne concernée, les auteurs de ces actes commettent une infraction grave. Non seulement ils détruisent la dignité de leur victime, mais ils participent à une forme de violence basée sur le genre, souvent minimisée par la société.

Les victimes subissent des conséquences profondes : isolement social, dépression, perte d’opportunités professionnelles, voire suicide. Il est impératif que la justice haïtienne se dote d’outils juridiques modernes pour réprimer ces actes et protéger les droits numériques des citoyen.ne.s.

Responsabilité des plateformes et des médias

Certaines pages de “buzz“, médias numériques ou plateformes de divertissement ne jouent pas leur rôle de modération. Pire encore, certaines relaient ces contenus dans une logique sensationnaliste. Ces comportements sont à dénoncer avec force. Promouvoir un contenu intime sans autorisation n’est pas du journalisme ni du divertissement, c’est une complicité avec les agresseurs.

Ces plateformes doivent être interpellées et responsabilisées. La société civile, les défenseurs des droits humains, les journalistes et les influenceur.se.s doivent mener un plaidoyer clair : exiger le retrait immédiat de ce type de contenu, bloquer les comptes qui les propagent et sanctionner sévèrement les auteurs.

Il est urgent d’adopter une loi sur la cybersécurité en Haïti, qui protège les données personnelles et criminalise la publication non consentie de contenus intimes. Sensibiliser les jeunes, notamment dans les écoles, sur les dangers du partage de contenus sensibles. Briser le silence, soutenir les victimes et condamner publiquement les actes de diffusion non autorisée. Renforcer la pression sur les réseaux sociaux pour qu’ils appliquent leurs propres règles communautaires de manière équitable et efficace.

La cybersécurité n’est pas un luxe ni une option : c’est un droit. Protéger l’intimité en ligne, c’est défendre la dignité humaine. En tant que société, nous devons refuser de normaliser la violence numérique. Il est temps d’agir, pour que l’espace numérique devienne un lieu de respect, et non un champ de guerre contre les femmes.

CHOSEN dévoile “Mare’m” : une vision unique de l’amour spirituel

L’artiste CHOSEN, de son vrai nom Wellsynd Saint-Fleur, dévoile son tout nouveau single, “Mare’m”, un morceau puissant et introspectif, désormais disponible sur toutes les plateformes de streaming. Inspirée d’une expérience personnelle, cette chanson explore l’amour spirituel, une facette rarement mise en avant dans la musique.

Une connexion que seuls certains peuvent comprendre

Contrairement aux histoires d’amour habituelles, “Mare’m” parle de ces liens invisibles qui défient la compréhension des autres. CHOSEN décrit cette réalité en ces termes :
“Dans la vie, certaines connexions ne peuvent être comprises par tout le monde. Chacun perçoit l’amour à sa manière, mais au final, c’est toi seul qui ressens ce que tu vis.”

À travers ce morceau, il met en avant la force de ces liens uniques, qui échappent parfois aux normes et aux jugements extérieurs.

Un processus de création spontané et authentique

CHOSEN a entièrement écrit et produit “Mare’m”. L’idée du morceau lui est venue alors qu’il travaillait pour le concours Prestige Konpa. Pendant qu’il composait l’instrumental, les paroles et la mélodie ont émergé naturellement. Il a alors enregistré la chanson sur le champ. Bien que “Mare’m” n’ait pas été retenue dans la compétition, CHOSEN la considère comme l’un de ses morceaux les plus personnels et aboutis.

Et la suite ?

Si certains artistes pensent déjà à un album ou un EP, CHOSEN préfère prendre son temps. Il souhaite offrir à son public une découverte progressive de son univers, en révélant une nouvelle facette de son art à travers chaque morceau. Par ailleurs, plusieurs collaborations et projets solos sont en cours de finalisation.

Avec “Mare’m”, CHOSEN confirme son talent et sa singularité. Le morceau est disponible dès maintenant sur toutes les plateformes de streaming
un rendez-vous musical à ne pas manquer !

Jorvin Keyz : un beatmaker à succès dévoile son premier EP, “My Love”

Connu pour son talent en production musicale, Jorvin Keyz s’est déjà fait un nom dans l’HMI (Haïti Music Industry) en travaillant avec de nombreux artistes de renom. Il a collaboré avec plusieurs figures majeures, dont Onorab Fantom, l’un des rappeurs haïtiens les plus respectés de tous les temps. Aujourd’hui, il franchit une nouvelle étape en dévoilant son tout premier EP, “My Love (Lanmou m’)”, sorti le 25 février 2025.

Un EP riche en collaborations et en émotions

“My Love” est un projet de sept titres, où le compas est le style dominant, accompagné d’influences afro et R&B soul. Pour ce premier opus, Jorvin Keyz s’est entouré de sept artistes talentueux : Dave Casessu, Mr Leyy, Cliff, Yves-Laura, Herby Fl, Raychi et Jeff Prosper. Chaque morceau a été soigneusement produit pour offrir une expérience musicale immersive.

Côté production, Jorvin Keyz a collaboré avec Thewind Beat, Mr Leyy et Gui on the Beat, qui ont chacun apporté leur expertise à certaines chansons. Il a également pris en charge une partie du mixage, aux côtés de Mr Leyy, tandis que le mastering a été assuré exclusivement par ce dernier.

Un message sincère et universel

À travers cet EP, Jorvin Keyz explore les hauts et les bas des relations humaines. “En tant qu’humain, on ne fait pas toujours les bons choix. On aime, on fait des erreurs, on essaie de reconstruire. Mais, au final, l’amour reste toujours la clé.” Cette réflexion est au cœur du projet et se retrouve particulièrement dans le morceau “My Love”, qui a inspiré tout l’EP. C’est lui qui a donné le ton à l’ensemble du projet. Chaque chanson est comme une suite logique à cette première émotion.

Un parcours semé d’embûches mais déterminé

Derrière cet EP se cache un long processus de création. Commencé en 2022, le projet a dû être mis en pause à cause de plusieurs difficultés, notamment une période de dépression qui a ralenti la productivité de Jorvin Keyz. “J’avais perdu l’énergie nécessaire pour avancer. J’ai dû prendre du recul avant de retrouver l’inspiration.” Ce n’est qu’en août 2024 qu’il a repris le travail, avec une vision plus claire et une détermination renouvelée.

Un projet visuel et ambitieux

Pour accompagner la sortie de “My Love”, cinq clips vidéo sont prévus, afin d’illustrer en images l’histoire racontée par l’EP.
Avec ce premier projet, Jorvin Keyz ne se contente plus de briller en tant que beatmaker à succès ; il prouve également qu’il a une voix et un message à partager. Un début prometteur qui annonce une suite encore plus ambitieuse dans sa carrière musicale.

Les Femmes Haïtiennes : Histoire, Mouvements, Résistance et Réalités Actuelles

Le 8 mars marque la Journée mondiale des droits des femmes, une occasion de mettre en lumière la contribution et les luttes des femmes à travers le monde. En Haïti, les femmes ont toujours joué un rôle central dans la construction de la nation, bien qu’elles aient dû faire face à de nombreux défis. De la révolution haïtienne aux combats actuels pour l’égalité, elles incarnent la résilience et la détermination.

Un Héritage de Lutte et de Résistance

L’histoire des femmes haïtiennes est marquée par la résistance et l’engagement. Dès la période coloniale, elles ont pris part activement aux luttes pour la liberté. Figures emblématiques comme Sanite Bélair et Cécile Fatima ont joué un rôle clé dans la révolution haïtienne qui mena à l’indépendance en 1804.

Cependant, après cette victoire, les femmes haïtiennes furent largement écartées des sphères de pouvoir. Pendant longtemps, elles ont été cantonnées aux rôles traditionnels, malgré leur participation active dans l’économie informelle et les mouvements sociaux.

Les Mouvements Féministes en Haïti

Au fil des décennies, plusieurs mouvements féministes ont émergé pour revendiquer les droits des femmes. Dès les années 1930, des militantes comme Yvonne Hakim-Rimpel ont dénoncé les injustices et la marginalisation des femmes dans la société haïtienne.

Les années 1980 et 1990 ont été marquées par une mobilisation accrue, notamment avec la création de plusieurs organisations féminines comme SOFA (Solidarite Fanm Ayisyèn) et Kay Fanm, qui luttent pour les droits des femmes, l’éducation, et contre les violences basées sur le genre.

Les Défis et Réalités Actuelles

Aujourd’hui, les femmes haïtiennes continuent de faire face à de nombreux défis :

Violences basées sur le genre : Les violences domestiques et sexuelles restent un fléau majeur. Malgré l’adoption de lois pour protéger les femmes, l’impunité demeure un obstacle important.

Accès limité à l’éducation et à l’emploi : Beaucoup de jeunes filles n’ont pas accès à une éducation de qualité, ce qui limite leurs opportunités économiques.

Participation politique réduite : Malgré des progrès, les femmes restent sous-représentées dans les sphères de décision.

Crises sociopolitiques et économiques : L’instabilité du pays affecte particulièrement les femmes, qui doivent souvent assumer seules la charge des foyers.

L’Espoir et les Perspectives d’Avenir

Malgré ces défis, les femmes haïtiennes continuent de se battre pour une société plus juste et égalitaire. De jeunes activistes et organisations féminines travaillent sans relâche pour défendre leurs droits. De plus en plus de femmes s’imposent dans des domaines autrefois dominés par les hommes, que ce soit en politique, en entrepreneuriat ou dans les médias.

À l’occasion de cette Journée mondiale des droits des femmes, il est essentiel de reconnaître la contribution des femmes haïtiennes et de soutenir leurs combats. Leur histoire est celle d’une résistance inébranlable et d’un avenir à bâtir ensemble.

 

B-Art Etènèl Powèt : Un retour musical après une longue pause

Widly Barthélemy, connu sous le nom de scène B-Art Etènèl Powèt, n’est pas un nouveau venu dans le rap haïtien. Né le 6 janvier 1991 à Anse-à-Veau et ayant grandi à Martissant, il s’est lancé dans la musique en 2011, poussé par son amour pour la poésie plus que par l’influence d’un artiste en particulier. Avec plusieurs morceaux à son actif, que ce soit en solo ou en featuring, il a su affiner son style et construire son identité artistique.

Un long silence avant un retour attendu

Ces dernières années, Widly s’est fait discret sur la scène musicale. Son dernier titre marque donc un tournant, même s’il ne souhaite pas encore annoncer officiellement un album ou un EP : “Ce morceau annonce plusieurs choses, mais je préfère ne pas faire de promesses. Les opportunités viendront en temps voulu.”

Un éloignement qui a ralenti la production

En octobre 2023, Widly quitte Haïti pour le Mexique avant de rejoindre les États-Unis. Ce changement de vie a inévitablement eu un impact sur sa musique. “J’ai dû mettre la musique en pause pour me concentrer sur mon installation et prendre le temps de structurer mon projet. J’ai choisi d’être patient pour mieux me construire.”

« Fèy Blanch » Un titre qui envoie un message

Le choix du titre de son dernier morceau reflète une réflexion sur l’attente et la critique. “C’est un message pour ceux qui manquent de patience. Avec le temps, ils comprendront et corrigeront leurs jugements.”

Ce retour marque une nouvelle étape pour Widly Barthélemy, connu sous le nom de scène B-Art Etènèl Powèt, qui semble prêt à relancer sa carrière avec des projets plus structurés et une vision plus claire de son avenir musical.

 

 

Shenaïca Carmélus sacrée lors du Prix Claudy & Wilkens : une ode à la littérature haïtienne

Le dimanche 2 mars 2025, l’église Notre-Dame de l’Assomption de Lamardelle a vibré au rythme des mots et des émotions lors de la finale du Prix Claudy & Wilkens, concours de poésie organisé par l’Initiative des Penseurs Progressistes pour l’Évolution de l’Art et de la Culture (IPPEVAC). Placée sous le thème de la littérature haïtienne, cette édition a offert aux participants une scène pour explorer, célébrer et réinventer la richesse de notre patrimoine littéraire.

Parmi les nombreux poètes en lice, Shenaïca Carmélus s’est imposée avec brio, remportant le premier prix grâce à la profondeur de ses vers et la pertinence de son interprétation du thème. Freud Samuel Robert a décroché la deuxième place, suivi de Jean Villalona Efemberg, qui s’est classé troisième. Leurs prestations, marquées par une puissance évocatrice et une sensibilité artistique remarquable, ont conquis le jury et l’audience, témoignant de la vitalité et de l’évolution constante de la poésie haïtienne.

L’événement ne s’est pas limité aux performances poétiques. Des artistes et groupes locaux ont offert des prestations musicales et artistiques, enrichissant la soirée d’une ambiance festive et immersive. Ce dialogue entre poésie et musique a renforcé l’émotion et l’engagement du public, faisant de cette finale un véritable hommage à la culture haïtienne.

En organisant ce concours, l’IPPEVAC réaffirme son engagement en faveur de la promotion des arts et de la culture en Haïti. En offrant une plateforme aux jeunes talents, l’association favorise l’expression artistique et encourage la jeunesse à s’approprier son héritage culturel. Cette initiative met en lumière le rôle essentiel de la littérature et des arts dans le renforcement du tissu social et le développement communautaire.

Au-delà de la compétition, cette soirée a été une célébration vibrante de la créativité haïtienne, prouvant une fois de plus que la culture demeure un pilier fondamental de notre identité et de notre résilience collective.

Les Artistes Haïtiens : Entre Résilience et Abandon

L’art haïtien a toujours été un puissant reflet de l’âme du pays. Peintres, musiciens, écrivains et acteurs ont, au fil des générations, porté haut les couleurs de la culture haïtienne, malgré les crises et l’instabilité. Pourtant, aujourd’hui, les artistes haïtiens se retrouvent dans une situation critique. Entre insécurité grandissante, absence de soutien institutionnel et manque d’infrastructures adaptées, ils sont nombreux à lutter pour leur survie dans un pays qui, paradoxalement, puise une partie de son identité dans leur créativité.

L’insécurité qui gangrène le pays n’épargne pas les artistes. Nombreux sont ceux qui vivent sous la menace des gangs, contraints de s’exiler ou d’abandonner leur passion pour assurer leur propre sécurité. Les salles de spectacle ferment, les galeries d’art se vident, et les événements culturels deviennent rares, faute de conditions adéquates pour garantir la protection du public et des créateurs.

Cette situation plonge les artistes dans un profond désarroi. Beaucoup se retrouvent privés de moyens de subsistance, incapables de se produire ou de vendre leurs œuvres. Le marché de l’art, déjà fragile, s’effondre encore plus face à l’incertitude économique et à la peur qui règne dans les rues.

Malgré leur rôle essentiel dans la préservation et la diffusion du patrimoine culturel haïtien, les artistes ne bénéficient d’aucune véritable politique de soutien. L’État haïtien reste largement absent en matière de subventions, de protection sociale et de promotion de la culture. Les rares initiatives existantes sont souvent mal gérées ou inefficaces face aux défis colossaux du secteur.

Les infrastructures culturelles, elles aussi, sont en piteux état. Les musées, théâtres et centres artistiques souffrent d’un manque d’entretien et de financement, rendant l’accès à l’art encore plus difficile pour la population. Dans un pays où l’art a longtemps été un espace de résistance et d’expression face à l’oppression, cette négligence institutionnelle équivaut à un abandon pur et simple.

Face à cette réalité, de nombreux artistes choisissent l’exil, cherchant à poursuivre leur carrière dans des pays où leur talent est mieux reconnu et valorisé. Mais ceux qui restent font preuve d’une résilience admirable. À travers les rues de Port-au-Prince et d’autres villes, on trouve encore des peintres qui exposent leurs toiles sur les trottoirs, des musiciens qui animent les quartiers malgré les difficultés, et des écrivains qui continuent à raconter l’histoire d’Haïti, coûte que coûte.

Cette force de caractère mérite d’être accompagnée par des actions concrètes. Il est urgent que l’État, ainsi que les acteurs privés et internationaux, s’engagent en faveur des artistes haïtiens. Un pays sans culture est un pays sans âme. Haïti ne peut se permettre de perdre ses créateurs, ces derniers étant non seulement des ambassadeurs de son identité, mais aussi des témoins et des acteurs de son histoire.

Soutenir l’art, c’est investir dans l’avenir du pays. Il est temps que les autorités prennent conscience de cette vérité et accordent aux artistes haïtiens la place qu’ils méritent dans la reconstruction de la nation.

 

 

 

Ki Moun Ou Ye – La Clameur de l’Âme Selon Teddy Hashtag et L-Won

Dans un paysage musical haïtien en pleine effervescence, Teddy Hashtag et L-Won s’imposent avec un titre brûlant : “Ki Moun Ou Ye?” Une chanson qui ne se contente pas de séduire par son rythme, mais qui interpelle, qui fouille dans les profondeurs des âmes blessées. C’est une ode à l’incertitude amoureuse, un cri du cœur face à l’illusion et à la désillusion.

Une Quête Identitaire, un Chant de Désarroi

Dès les premières notes, le refrain se répète comme une litanie obsédante :

Ki moun ou ye?
Ki moun ou ye?
I wanna know… Dim kiyès ou ye?

Ces mots résonnent comme une supplique, une interrogation lancinante qui traduit le trouble de l’artiste face à une personne dont l’identité et les intentions restent floues. Teddy Hashtag et L-Won ne chantent pas simplement une histoire d’amour compliquée, ils incarnent cette confusion, ce sentiment de trahison où le cœur refuse de voir ce que l’esprit suspecte déjà.

Une Interprétation Chargée d’Émotion

Le texte est marqué par une narration poignante, oscillant entre incompréhension et lucidité douloureuse :

Kèk jou m pa konprann jès ou
Yo dim ou son w ti pès tou
E yo di m jwe ak kè imen se mès ou

Le doute s’installe. Le protagoniste, perdu entre amour et méfiance, tente de donner du sens aux signaux contradictoires qu’il perçoit. L’accusation implicite est lourde : la personne qu’il aime serait un manipulateur émotionnel, un joueur insensible aux cœurs qu’il brise.

Mais le plus marquant reste cette métaphore aquatique, qui illustre la perte de repères :

M kòmanse santi de pye m nan dlo

L’image est forte. Comme quelqu’un qui s’enfonce lentement, impuissant, pris dans un tourbillon affectif. Le songe devient cauchemar.

Un Flow Maîtrisé, Une Poésie Moderne

Musicalement, Teddy Hashtag et L-Won jonglent habilement avec les sonorités et les silences. Le jeu de questions-réponses entre leurs voix donne une dimension encore plus dramatique à la chanson. Ils ne cherchent pas à imposer un jugement, mais à exprimer une douleur universelle, celle d’un amour qu’on croyait sincère et qui se révèle toxique.

M ba l sa poum te ba l
Afeksyon m ak lanmou m
Tout se pal
Men tout moun ap di m
Li son w vagabòn sal”

Ici, le texte atteint une intensité bouleversante. L’amour donné sans retenue se heurte à la désillusion. Le héros se demande s’il a été aveugle, si les avertissements des autres n’étaient pas fondés. La réalité devient insoutenable.

Entre Mélancolie et Frustration

Bondye fè lè m damou m
Tankon w demon”

L’une des lignes les plus frappantes de la chanson. L’amour, censé être une bénédiction, devient une malédiction. La souffrance transforme le romantisme en poison. La lutte interne est palpable : doit-on croire aux belles paroles, ou écouter les signes du destin ?

Et puis vient la demande finale, presque désespérée :

Kiyes ou ye?
M wè pawol diferan de jan w bouje
Pa di m ou sou jwe…”

L’ultime confrontation. Il ne s’agit plus seulement de comprendre, mais d’exiger une vérité.

Une Œuvre Majeure de la Nouvelle Scène Haïtienne

“KI MOUN OU YE” n’est pas une simple chanson d’amour. C’est une confession brutale, une introspection douloureuse, où Teddy Hashtag et L-Won dévoilent les failles d’un amour destructeur. Leur poésie crue, portée par une mélodie envoûtante, fait de ce morceau un incontournable de la scène haïtienne contemporaine.

Si les fans sont autant captivés, c’est parce que chacun peut s’y retrouver. Qui n’a jamais aimé quelqu’un dont le visage se révélait peu à peu être un masque ? Qui n’a jamais douté de la sincérité d’un amour ?

Avec ce hit, Teddy Hashtag et L-Won ne se contentent pas de faire danser. Ils font ressentir. Ils marquent les esprits.

Et au final, une seule question reste suspendue dans l’air, martelée dans nos cœurs :

KI MOUN OU YE?

Franck Étienne fait son dernier voyage

Port-au-Prince, jeudi 20 février 2025, Haïti a perdu l’un de ses plus grands esprits créatifs, écrivain, poète, musicien et artiste Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent, décédé à l’âge de 88 ans. Cette personnalité exceptionnelle, qui a marqué la littérature et l’art haïtiens pendant plusieurs décennies, nous a quitté, mais ses paroles perdurent.

Surnommé « L’Homme de Sept Noms », Franck Étienne était un écrivain hors pair. Ses livres, sa poésie et ses pièces de théâtre portaient la réalité et les rêves du peuple haïtien. Sous sa plume, nous avons trouvé la force, la révolution et l’amour de notre culture. Ses œuvres, comme Ultravocal, Dezafi, Les Désastreuses Aventures de Tante Nini et bien d’autres, l’ont placé parmi les plus grands écrivains de la Caraïbe et du monde.

Un esprit qui ne disparaîtra jamais

De plus, Franck Étienne était un peintre, un philosophe et un leader d’opinion qui repoussait constamment les limites. Ce n’est pas un petit héritage qu’il laisse aux générations futures. Sa mort est une grande perte pour la littérature, l’art et toute la culture haïtienne, mais l’espoir reste vivant, car son œuvre continuera d’inspirer tous ceux qui aiment les mots, la lumière et la révolution.

Haïti pleure aujourd’hui, mais Haïti chante aussi, car Franck Étienne ne mourra jamais.