Dans une société de plus en plus connectée, le respect de la vie privée et de l’intimité en ligne devient un droit fondamental. Pourtant, en Haïti, la publication non consentie de photos ou de vidéos intimes est en train de devenir une pratique alarmante. Cette atteinte grave à la vie privée, qui touche principalement les femmes – artistes, journalistes, influenceuses ou simples citoyennes – est non seulement une violence morale, mais également une violation flagrante des droits humains et du droit à la cybersécurité.
Une cyberviolence en pleine expansion
Ces dernières années, les cas de vidéos ou d’images intimes partagées sans autorisation se sont multipliés. Bien souvent, ces contenus sont diffusés dans l’intention de nuire, d’humilier ou de faire du chantage. Ce qu’on appelle communément la “revenge porn” ou “pornodivulgation” touche surtout les jeunes femmes, victimes de la trahison d’un partenaire ou de la manipulation de personnes malintentionnées.
En Haïti, le phénomène prend de l’ampleur, porté par l’absence de lois strictes sur la cybersécurité, par la faible régulation des contenus en ligne et par l’indifférence de certaines plateformes numériques qui laissent circuler ces vidéos à des fins de clics ou de buzz.
Le droit à la cybersécurité : une protection essentielle
Le droit à la cybersécurité est le droit de chaque individu à une protection contre les attaques numériques, y compris le respect de ses données personnelles et de sa vie privée. En publiant une vidéo intime sans le consentement de la personne concernée, les auteurs de ces actes commettent une infraction grave. Non seulement ils détruisent la dignité de leur victime, mais ils participent à une forme de violence basée sur le genre, souvent minimisée par la société.
Les victimes subissent des conséquences profondes : isolement social, dépression, perte d’opportunités professionnelles, voire suicide. Il est impératif que la justice haïtienne se dote d’outils juridiques modernes pour réprimer ces actes et protéger les droits numériques des citoyen.ne.s.
Responsabilité des plateformes et des médias
Certaines pages de “buzz“, médias numériques ou plateformes de divertissement ne jouent pas leur rôle de modération. Pire encore, certaines relaient ces contenus dans une logique sensationnaliste. Ces comportements sont à dénoncer avec force. Promouvoir un contenu intime sans autorisation n’est pas du journalisme ni du divertissement, c’est une complicité avec les agresseurs.
Ces plateformes doivent être interpellées et responsabilisées. La société civile, les défenseurs des droits humains, les journalistes et les influenceur.se.s doivent mener un plaidoyer clair : exiger le retrait immédiat de ce type de contenu, bloquer les comptes qui les propagent et sanctionner sévèrement les auteurs.
Il est urgent d’adopter une loi sur la cybersécurité en Haïti, qui protège les données personnelles et criminalise la publication non consentie de contenus intimes. Sensibiliser les jeunes, notamment dans les écoles, sur les dangers du partage de contenus sensibles. Briser le silence, soutenir les victimes et condamner publiquement les actes de diffusion non autorisée. Renforcer la pression sur les réseaux sociaux pour qu’ils appliquent leurs propres règles communautaires de manière équitable et efficace.
La cybersécurité n’est pas un luxe ni une option : c’est un droit. Protéger l’intimité en ligne, c’est défendre la dignité humaine. En tant que société, nous devons refuser de normaliser la violence numérique. Il est temps d’agir, pour que l’espace numérique devienne un lieu de respect, et non un champ de guerre contre les femmes.
Kenson Oreste est né à Lamardelle, commune de Ganthier. Il est un jeune journaliste rédacteur haïtien. Il est passionné de la lecture et de l’écriture.
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